[Mare Noire] Sur le pied de guerre

1er jour de la 9e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Après-midi
Sud-Est d’Ardamir

Lareless,

Ton errance à travers Ardamir aura été de courte durée. Aux échos de la Symphonie tu sais l’une de tes Sœurs proche, et elle te sait proche de même. Comment aurait-elle pu t’ignorer après tout ? Ta complainte résonne à travers la Sylve aussi puissamment que l’inquiétude dans ton cœur. Les Chants des Premiers-Nés se tournent vers toi pour t’offrir leur réconfort, seulement leur générosité n’est pas sans une pointe d’amertume. Ta vocation est à l’équilibre, et l’équilibre, tu n’as pas réussi à le maintenir. Mais point de regrets Lareless, car la Mère te sait forte. La Mère te sait persévérante. La Dame Sauvage t’attend.




- Ne me dis pas que tu les as laissé passer. la femme entre deux âges gronde sans autre forme de salutations Comment est-ce que tu as pu les laisser passer ?

Dans la suite de la druidesse les lances se plantent dans le sol. Les tridents pointent triple fourche au ciel. Les grands cerfs haltent leur procession. C’est un véritable petit bataillon qui marche dans les pas de l’élue de La Dame Sauvage, et Kÿria sait qu’elle est prête à les voir verser le sang.

- Espérons qu’il soit toujours temps d’y faire quelque chose. le regard sévère se retourne vers sa suite On reprend la marche !

Tu sais quelles pensées animent ta Sœur, Lareless. Maintenant reste-t-il à savoir… est tu animée des mêmes ?

Le maître du jeu s’adressant à Lareless : Le visage de Gingal se ferme immédiatement lorsque tu te places sur sa route. La colère lui monte aux oreilles, les tempes et le front lui virent au carmin, et elle s’approche de toi, le pas lourd, écoutant à peine ce que tu as à lui dire. Elle entend au moins. Elle te doit au moins cela. Mais à son regard, tu sais que ce que tu lui annonces, elle n’en a que faire.

- Si d’autres suivent, alors d’autres mourront. les yeux de la druidesse se plantent dans les tiens, leur imposant une terrible rage tranquille Ainsi vont les faibles. Si les Citadins veulent jouer ce jeu-là, ainsi soit-il, mais tant que je vivrai leur artefact ne traversera pas la frontière d’Anaëh. le gant griffu s’approche de ta gorge, menaçant d’en arracher une goutte de carmin Mets-toi sur mon chemin et tu ne vivras pas plus longtemps qu’eux.

Gingal fait un pas en arrière. Sa menace s’éteint. La peau de ses tempes et joues revient à son teint terreux habituel, et instantanément, l’elfe-kerkand reprend son calme… et la marche par la même occasion. Quant aux elfes dans sa procession, ils te regardent d’un air étrange. Ils te regardent de haut pour certains, d’un air interloqué pour d’autres, presque effrayés pour certains. Leur peur est exactement la même que celle des Citadins. Ces elfes craignent pour leur foyer. Ces elfes suivent celle qui leur promet protection.

Encore, toujours, Gingal entend sans écouter. Encore, toujours, Gingal s’agace de devoir faire avec les paroles de faibles, de devoir contenir la juste fureur de son totem, et pour quoi ? Pour des choses qu’elle sait déjà. Des évidences, toujours des évidences qu’on s’évertue à lui mettre sous le nez comme si elle fut trop imbécile pour s’en rendre compte seule.

Oui, elle a peur.

Oui, les siens ont peur.

Oui, les Citadins ont peur.

Seulement réconforter les Souffles effrayés n’est pas son devoir. Elle est le prédateur opportuniste dont les griffes s’abattent sur les faibles et les mourants. Elle est la créature sans pitié que La Mère appelle lorsque vient le moment de mettre un terme à une vie pour que d’autres puissent refleurir à leur place. S’assurer que les floraison futures puissent avoir lieu, c’est exactement ce qu’elle comptait faire. Pourquoi t’évertuais-tu donc à l’en empêcher ? Que dirais-tu si dès la première seconde, elle t’avait privé de ton rôle, elle qui dans l’ordre des choses se doit d’être la dernière à agir ?

- Tu es molle, Leomenis. Gingal empoigne de sa main non gantée l’un des poignards d’os à sa ceinture Pas moi. elle se baisse sur ses appuis Alors si tu veux tenter ta chance dans l’ancien Linoïn, fais-donc… lentement, elle commence une marche en cercle autour de toi mais je te le dis une dernière fois. Je ne tolérerai pas d’obstacle sur ma route. elle souffle des nasaux Écarte-toi ou meurs.

- Ils ont fait leur choix. les appuis de Gingal se font plus bas encore Maintenant fais le tien.

Elle continue de tourner. Elle attend. Elle ne reculera pas. Elle attend que toi tu t’en ailles, sauf que pour autant que tu t’évertues à tenter de la convaincre cet affrontement être dispensable, tu te refuses à accepter son offre. Et il n’y a pas d’autre offre que la sienne qui vaille le coup aux yeux de l’elfe-kerkand. Elle se rapproche lentement, ses gestes se font de plus en plus menaçants, elle espère que tu ploies le genou, tu le lis dans ses yeux, elle non plus ne veut pas avoir à en arriver là…

Pourquoi ? Pourquoi ne lui laisses-tu pas le choix ?

La druidesse cligne des yeux, effaçant par la même occasion toute once de doute de son esprit. Sa prise se scelle sur son poignard et d’un geste sec, ses jambes se déplient, la propulsant vers toi à une vitesse vertigineuse. Tu te laisses guider par le poignard pointé vers toi, évite le coup avec aisance, mais c’est sans compter sur l’habileté de la guerrière féroce qu’est Gingal. Le gant griffu profite de la trajectoire à laquelle tu as été forcée pour à son tour partir à ta recherche.

De peu, il te trouve.

Encore une fois, tu t’éloignes lestement, mais tu es forcée de constater que pour autant que les griffes ne t’aient qu’effleuré, elles ont réussi à percer la peau. Tu perds la première goutte de sang de ce duel, et y réfléchir ne te fera pas grand bien quand Gingal a déjà repris son offensive.

Pour le déroulé du combat :

Gingal fronce les narines, déçue. Si tu t’étais battue tu aurais perdu. Tu n’es pas une guerrière de la même trempe que la druidesse-kerkand, mais surtout, le poids des dernières ennéades à cultiver ton jardin pèse encore sur tes épaules. Ton adversaire l’avait réalisé dès le départ. Elle espérait que cela te pousse à ployer, mais puisque tu ne l’as pas fait, tu aurais dû mourir.
Si Gingal est déçue, c’est autant parce que tu as été incapable d’accepter ton échec que parce que tu as réussi à assez mentir à ton totem pour qu’il l’assume à ta place. Et c’est d’autant plus rageusement qu’elle fait face à Estoniel, se dirigeant droit vers le Leomenis plutôt que de reculer. Droit ou presque. L’elfe est plus légère que le lion. L’inertie a moins de prise sur elle. Elle en profite. Au dernier moment elle évite le choc frontal pour s’attaquer au flanc de la bête. Elle cherche les muscles des pattes de sa lame. Elle veut l’immobiliser. Tu mérites de mourir, pas le Leomenis. Lui ne fait que son devoir de protecteur. Lui n’est pas doué du Souffle comme toi. Lui ne peut être puni pour ce qu’il n’est pas capable de comprendre.

Sauf que ce n’est pas mince affaire qu’a entrepris la druidesse. Estoniel n’est peut-être pas aussi flexible qu’un Caengal, mais le Leomenis n’est pas rigide pour autant. Le cou se plie, les appuis se baissent, la lame de Gingal ne peut encore une fois qu’effleurer. Les crocs se dirigent vers la combattante. Elle tend un bras. La poigne de la druidesse-kerkand se referme sur la corne unique du Leomenis, et échappant de peu à la morsure, elle se hisse à la force du bras et à l’élan d’un saut sur le dos de la créature. Tout pourrait bien se terminer maintenant. Pour l'une comme pour l'autre.

Statistiques utilisées : Lareless :

Statistiques utilisées : Estoniel ( Leomenis ) :

Statistiques utilisées : Gingal :

Statistiques utilisées : Kerkand :

Scores:

Sous l'affrontement qui se dessine, les oiseaux avoisinants s'enfuient à tire d'ailes, les animaux s'écartent, loin du rugissement puissant. Estoniel ne se préoccupe pas du bataillon de Gingal. Pour le moment, ils ne bougent pas et ça lui suffit. Les mâchoires claquent dans le vide tandis que le poid plume de l'autre druidesse se hisse sur la corne, comme les danseurs taurins le feraient. Le lourd bovidé relèverait la tête pour se débarasser du poids impromptu. Un cheval ruerait et se cabrerait.

Le félin, lui, a une technique plus efficace. Les vertèbres de la colonne souple se contorsionnent tandis que, dans une roulade contrôlée, il essaye d'écraser proprement son adversaire, avant de se remettre prestement sur ses pattes avec un grondement sonore qui finit en rugissement tandis que, sans attendre, il se rue de nouveau sur Gingal.

 

La bête se retourne sans lui laisser le temps de frapper, et Gingal se trouve forcée de se laisser tomber au sol avec moins de douceur qu’elle ne l’aurait espéré. La druidesse-kerkand peste intérieurement, mais se dépêche de se relever, et lame en main, se prépare à réagir à la prochaine charge du félin. Cette fois-ci elle choisit une approche moins risquée, creusant plus de distance entre elle et la bête qu’elle ne l’avait fait la première fois… à son grand malheur. Le Leomenis se montre moins agressif qu’elle ne l’aurait espéré, plus calculateur, et si c’est sans mal qu’elle aura esquivé son assaut, elle ne se sera pas trouvé en position de contrattaquer correctement.
Il lui faut gagner du temps, trouver une position favorable, un nouvel angle d’attaque. Gingal recule, reprends avec le félin la même danse qu’avec celle dont il est le totem. L’un et l’autre cherchent une faille, une occasion, sauf que c’est le Leomenis qui trouvera la sienne le premier. Un pas légèrement trop large, trop pressant de Gingal lui a ouvert une fenêtre sur son flanc gauche, et la créature n’a pas hésité une seule seconde à en profiter.
Les puissantes pattes le propulsent en avant, et de son corps, la bête fait obstacle à ce qui aurait dû être l’échappatoire de la druidesse. L’elfe-kerkand se renfrogne, car elle n’est plus maîtresse de la danse. À elle maintenant de réagir, et selon les prochains gestes de son adversaire, peut-être n’aura-t-elle pas d’autre option que de… pas déjà…

Scores:

Gingal est tenace. Au point où être ainsi propulsée au sol par un coup de patte aussi puissant que celui d’Estoniel ne l’y aura maintenu que trop temporairement. À peine, abattue que déjà elle se relève, mais chaque fraction de seconde compte, et malgré sa rapidité, elle n’est déjà plus en position de correctement contrer à la fois la corne et les griffes. Pendant une fraction de seconde, Gingal s’est résignée. Sans véritablement y croire elle a vu sa défaite. Son gardien cependant n’aura pas laissé faire.

La massive masse de muscle qu’est le Kerkand n’est en rien effrayé par les armes du Leomenis. Au contraire, alors que les ciseaux se referment sur lui, plutôt que de reculer il se saisit de chacun d’eux. D’un côté les griffes s’enfoncent dans la patte d’Estoniel. De l’autre la colossale poigne enserre la corne de la manière la plus inconfortable qui soit. Le kerkand force au Leomenis une position loin d’être naturelle, un désagréable déséquilibre dont il peine à s’extirper. La bête sanguinaire tire sur la tête, force la rotation du cou, bloquant occasionnellement l’intervention d’une seconde patte de son flanc. Engagés dans un duel de volonté, les deux animaux tentent de prendre l’ascendant sur leur vis-à-vis, sans qu’aucun ne réussisse à se désempêtrer de leur situation impossible… jusqu’à ce que l’os ne finisse par craquer.

Fragilisée par le temps, malmenée par l’ours, la corne du Leomenis finit par rompre. La douleur est vive, mais le félin peut à nouveau entrevoir la liberté. La patte libre cherche le flanc du Kerkand, le trouve même, et la créature sanguinaire se retrouve forcée de libérer l’autre. Des deux malgré tout le Leomenis reste celui qui y a le plus perdu, et la douleur d’un coussinet percé au sol menaçant son équilibre, son coup suivant n’arrive pas à se faire décisif. En retour, pour se venger de la douleur à son flanc l’ours lance ses griffes au museau du félin.

Face et babine striées de lacérations, Estoniel arrive tout de même à prendre un peu de recul, mais l’odeur du sang commence à emplir les narines du Kerkand. Et les narines du Kerkand attisées par le sang, la bête folle ne fait que plus s’exciter.

Scores:

À nouveau à se défier l’un et l’autre, les deux animaux s’observent. Les yeux et les oreilles du Leomenis remplissent le rôle du nez du Kerkand. À nouveau l’un et l’autre cherchent l’ouverture, mais cette fois c’est le totem de Gingal qui sera le premier à la trouver. L’ours n’est pas lent. Bien au contraire. Là-dessus, Estoniel l’aura sous-estimé, et ce n’est à cause de cela qu’au prix d’un mouvement douloureux, engageant sa patte blessée plus que de raison, qu’il aura réussi à éviter l’assaut.
Puissant, lourd, le Kerkand après cet échec est pris dans son élan, et redevient en cet instant la proie d’un félin entamant sa contre-attaque. Puissant, lourd, l’Ours pare tant bien que mal les coups, ses immenses griffes brandies sur le chemin se faisant un bouclier bien trop menaçant pour que l’autre aille au bout. Mais le félin n’a pas dit son dernier mot. Le temps presse. Chaque seconde de perdue est une seconde de plus en direction de la fin, Estoniel sent comme cette crainte vibre chez celle avec qui il partage son existence, alors il redouble d’efforts, il tente un nouvel assaut, trop téméraire, accueilli par un concert de kératine.

Un mince filet de sang coule sur la poitrine du Leomenis. Seulement qu’est-ce que quelques écorchures devant tant de vies ? Qu’est-ce qu’un peu de sang lorsqu’il est versé pour l’Œuvre ? Au travers de la douleur, le Leomenis laisse les griffes lui racler la poitrine car il voit au travers de cet attaque une opportunité de frapper fort.
Les pattes arrières d’Estoniel le propulsent de toutes leurs forces. Ses pattes avant se tendent. Sa gueule béante trouve le col du Kerkand. Et enfin il trouve un véritable avantage à presser. L’Ursidé paralysé par la vive douleur s’écroule, et lutte contre l’animal qui l’immobilise à grands coups d’épaules, de griffes et de paumes. Le temps joue contre lui. Sa folie sanguinaire ne l’aidera pas cette fois. Des deux il sera certainement le premier à tomber dans l’inconscience, mais il aura réussi au moins une chose.

Ni Lareless ni Estoniel n’auront la force d’aller nulle part.

Scores: